Lettres en Lumières est un projet de transcription de documents du XVIII° siècle par Intelligence Artificielle

Les Archives départementales de la Côte-d’Or, en partenariat avec l'Université de Bourgogne ont lancé en 2020 une expérimentation pour automatiser la lecture de l'écriture du milieu du XVIIIe siècle. Cette automatisation est basée sur un procédé d’intelligence artificielle à la pointe de la technologie. L'objectif est de pouvoir lire automatiquement ces pages d'écriture, et de les rendre ainsi accessibles au plus grand nombre.

Pour initier la démarche, nous avons choisi de travailler sur les registres des Etats de Bourgogne. Ces registres offrent donc un intérêt tant sur le signifiant (écritures) que sur le signifié (sujets abordés) : des écritures différentes mais homogènes ; des histoires souvent pittoresques.

Pour entraîner l'intelligence artificielle, une équipe d'une vingtaine de paléographes amateurs se sont mobilisés bénévolement pour corriger et réinjecter les premières transcriptions de l'intelligence artificielle. Ce travail de correction se fait à partir d'une plateforme collaborative dédiée au projet. Les résultats des transciptions après correction sont automatiquement mis au format iiif et transférés vers le serveur iiif par la plateforme collaborative.

Mise à disposition publique des premiers résultats au format iiif

Les transcriptions partielles de 4 registres des Etats de Bourgogne sont actuellement disponibles au format iiif :

• le registre C 3004 : https://iiif.lettres-en-lumieres.org/C3004/manifest.json
• le registre C 3005 : https://iiif.lettres-en-lumieres.org/C3005/manifest.json
• le registre C 3305 : https://iiif.lettres-en-lumieres.org/C3305/manifest.json
• le registre B 12126 : https://iiif.lettres-en-lumieres.org/B12126/manifest.json

Le serveur iiif de Lettres en Lumières n'a pas implémenté l'API de recherche de la norme iiif. Mais il est possible de faire une recherche par mot clef dans l'ensemble des registres mis en ligne directement depuis l'onglet Rechercher dans les registres. Les résultats peuvent être visualisés dans le Visualisateur Mirador.

Les partenaires

Les Archives départementales de Côte-d’Or sont un service du département, placé sous l’autorité du président du conseil départemental et, subsidiairement, un service déconcentré de l’État placé sous l’autorité du préfet et du ministre de la Culture. Les archives départementales ont pour mission de maîtriser l'inflation archivistique contemporaine, rendre disponibles à la recherche les documents conservés , communiquer et mettre en valeur le patrimoine archivistique.

Le suivi administratif et scientifique du projet (numérisation, recherches et expertises paléographiques, transcriptions des documents pour les phases d’apprentissages, relecture et validation des résultats, etc.) sont naturellement assurées par les Archives départementales, sous la responsabilité de leur directeur.

Les archives départementales de Côte-d'Or

L’Université de Bourgogne - Laboratoire LEAD - Le laboratoire LEAD est une unité de recherche mixte de l’Université de Bourgogne et du CNRS (UMR 5022). Le domaine de recherche fédérateur du laboratoire concerne les Sciences Cognitives en rapprochant des chercheurs en Psychologie Cognitive, Intelligence Artificielle et Informatique. Les axes de recherche concernent entre autres, l’apprentissage humain et artificiel, les systèmes de traitement de l’information à base d’intelligence artificielle et l’ergonomie cognitive.

L’originalité théorique du LEAD est de défendre une approche parcimonieuse de la cognition qui se démarque des modèles théoriques dominants. Les recherches fondamentales sont complétées par des recherches ayant des implications directes dans le domaine de la santé, et, dans une moindre mesure, de l’éducation et de l’entreprise. Une place croissante est donnée aux études interdisciplinaires.

L'université de Bourgogne

La Bourgogne est un pays d’État : cela signifie que la province, quoique sous l’autorité royale depuis la fin du XVe siècle, est cogérée par les trois États (Clergé, Noblesse et Tiers-État) jusqu’en 1790. Ces États sont la préfiguration du Conseil régional. Ils se réunissent tous les trois ans à Dijon, sous la présidence du gouverneur de la province, qui est, depuis 1631, le prince de Condé. Durant ces « triennalités », les Élus des États cogèrent la province avec le pouvoir royal. Ils siègent dans le Palais des États, devenu depuis 1831 la Mairie de Dijon. Ils prennent des décrets, consignés sur des registres manuscrits par des commis aux écritures.

Les registres des États de Bourgogne, des documents à fort intérêt historique, des histoires souvent pittoresques, témoignage de la variété des compétences des États : fiscalité, aumônes, vicinalité, couvents, haras, apiculture, pépinières, hôpitaux, etc.

Quelles étaient les questions agitées en ce milieu du XVIIIe siècle ?

Les matières abordées sont d’une extrême variété, représentatives de la variété des compétences des États : fiscalité, aumônes, vicinalité, couvents, haras, apiculture, pépinières, hôpitaux, etc.

Le « voyage d’honneur » conduit à Versailles des délégués des États porteurs des « remontrances » de la province au Roi ; ils rentrent à Dijon avec des réponses des ministères et des bureaux à ces remontrances. La province apporte son concours à Cassini, qui est en train de lever sa fameuse carte couvrant tout le royaume.

La province plante des arbres sur la route allant de Dijon à Auxerre ; les jardiniers chargés de cette besogne devront porter des « bandouillers aux armes de la province » - tout comme les agents en charge des routes portent aujourd’hui sur leurs voitures le logo de leur service ou de leur collectivité. Les maires des principales villes de la province sont « reçus », c’est-à-dire confirmés par les États. Les habitants de Saint-Bris-(le-Vineux) devront « retirer de leurs maisons tous les escaliers, soupiraux et autres commoditez prises sur le grand chemin », pour laisser passer les « voitures publiques ».

On demande l’interdiction de semer des légumes ou de planter des arbres dans les vignes, « les vins de la Bourgogne ayant la réputation d’être les meilleurs, plus délicats et plus salutaires à l’homme que tous les autres ». Les notaires de la province demandent l’autorisation de créer un dépôt centralisant les « anciennes minutes » tant des études urbaines que des études rurales, dans un but de préservation auquel les Élus ne sont pas sensibles, car ils votent contre… les Archives départementales rempliront cet office deux siècles plus tard. Le seigneur de Sainte-Sabine présente un projet pour rendre navigable l’Ouche entre Veuvey et Dijon. Un industriel demande une subvention pour établir une raffinerie de sucre à Dijon. L’inspecteur des haras a commis des négligences. Les régiments traînent avec eux trop de bagages, ce qui rend le charroi trop onéreux pour la province. Les États votent une gratification (considérable) de 12.000 livres à Mme Poissonnier, nourrice du duc de Bourgogne, Louis de France (1751-1761, frère aîné des futurs Louis XVI, Louis XVIII et Charles X).

Présentation générale

La plateforme collaborative de transcription permet d'automatiser la phase d'apprentissage de l'intelligence artificielle avec un accès sécurisé aux serveurs et à l'ensemble des documents mis en ligne.

Le cycle de fonctionnnement pendant la phase d'apprentissage est le suivant :

1. Le superviseur charge les résultats de tanscriptions de l'IA, ou directement le scan d'une page qui est envoyé par la plateforme vers un serveur d'inférence.
2. Le superviseur attribue les pages à des correcteurs.
3. Le correcteur corrige la transcription faite par l'IA et ajoute éventuellement des métadonnées.
4. Le correcteur soumet les pages corrigées au superviseur.
5. Le superviseur valide les corrections. Il peut réattribuer la page au besoin.
6. La page validée est envoyée au serveur iiif et réinjectée dans l'IA pour qu'elle se corrige.

A ce jour, printemps 2023, Le taux d'erreur (CER) est de l'ordre de 5%. Un post-traitement à partir d'un vocabulaire permettra de corriger la plupart des dernières erreurs.

Une fois la phase d'apprentissage achevée, l'IA est implémentée dans un serveur d'inférence, machine informatique beaucoup plus légère. L'objectif est de permettre un cycle court, sans correction, par l'envoi direct des scans de pages vers le serveur d'inférence qui retournera les transcriptions sur le serveur iiif. En inférence, la transcription d'une page type d'un registre des Etats de Bourgogne prend environ 20 secondes.

Fonctionnalités superviseurs

La plateforme facilite le travail de supervision et de coordination des correcteurs en permettant aux superviseurs de :

• Visualiser l'avancement global pour chaque document à l'aide d'un tableau de bord.
• Créer des correcteurs, des documents.
• Attribuer ou retirer des pages aux correcteurs.
• Charger des pages transcrites par l'IA. Si le superviseur charge une image de page, la plateforme l'envoie directement au serveur d'inférence.
• Valider les pages, les publier automatiquement sur un serveur iiif et les télécharger pour les retourner à l'IA.
• Rédiger, modifier et diffuser à tous les correcteurs des consignes de transcriptions.

Le superviseur peut également corriger les segmentations (détourage des lignes) faites par l'IA :

• Ajouter une segmentation soit par une interface "souris" soit plus efficacement avec un stylet sur un écran tactile.
• Supprimer et modifier une segmentation. Il est possible d'ajouter des points, les déplacer ou les supprimer.

Fonctionnalités correcteurs

La plateforme permet aux correcteurs de :

• Recevoir un mail lors de l'attribution de nouvelles pages ou lors de l'ajout de nouvelles consignes de transcription.
• Corriger les transcriptions en ligne.
• Ajouter des métadonnées à chaque ligne. Par exemple : "numéro de page", "annotation", "signature", etc.
• Transmettre des infos au superviseur sous forme de post-it. Très utile pour transmettre des questionnements ou des points d'incompréhension.
• Imprimer un pdf avec les transcriptions. Les transcriptions sont reproduites en mirroir du texte original.

Pour toute question relative à la plateforme, merci de vous adresser à admin@lettres-en-lumieres.org

Droits de reproduire les différents articles ?

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